"Si tu ranges tes jouets, tu pourras regarder la télé mais il faut d'abord ranger !"
"Oui bien sûr, quand les jouets seront rangés, tu pourras regarder la télé !"
Maria Montessori est très certainement la plus remarquable pédagogue du 20° siècle. Ce texte, extrait d’un de ses livres, est très révélateur de l’esprit qui inspire la pédagogie qu’elle a diffusée dans le monde entier au travers des nombreuses écoles qu’elle a fondées.
« Un jour, les enfants s’étaient rassemblés en cercle, riant et parlant, autour d’une cuvette d’eau sur laquelle flottaient quelques jouets. Nous avions à l’époque à l’école un petit garçon d’environ deux ans et demi. Il était à l’extérieur du cercle, seul, et il était visible qu’il était rempli de curiosité.
Je l’observais de loin avec beaucoup d’intérêt. Il commença par s’approcher des autres enfants et essaya de se frayer un passage parmi eux, mais il n’était pas assez fort pour cela. Il resta donc là, regardant autour de lui. L’expression réfléchie de son petit visage était vraiment fascinante. J’aurais voulu avoir un appareil pour le photographier.
Tout à coup, son regard s’illumina à la vue d’une petite chaise. Très évidemment il avait décidé de la porter près des enfants de façon à pouvoir y grimper pour regarder par-dessus leurs épaules. Il commença à s’approcher de la chaise, le visage plein d’espoir, mais à ce moment-là, la maîtresse le prit brutalement (elle se serait défendue en disant « doucement ») dans ses bras, le soulevant au-dessus des têtes des autres enfants. Elle lui montra la cuvette d’eau en disant « Regarde, mon pauvre petit ! Comme ça tu peux voir toi aussi ! »
Il est certain que l’enfant, en voyant les petits jouets flottants, n’a pas éprouvé la joie qu’il était sur le point de ressentir en surmontant de ses propres forces un obstacle.
La vue de ces objets ne pouvait lui être d’aucun avantage, alors que le succès de son effort, si intelligent, aurait développé son potentiel intérieur.
La maîtresse a empêché l’enfant de s’éduquer lui-même, sans rien lui donner en compensation. Le petit garçon était sur le point de se sentir comme un conquérant, et il s’est retrouvé, impuissant, prisonnier de deux bras.
L’expression d’anxiété, d’espoir, de joie qui m’avait fascinée avait disparu de son visage pour être remplacée par l’expression de stupidité caractéristique de l’enfant qui sait que les autres vont agir à sa place. »
(*) Extrait de : « La pédagogie scientifique appliquée à l’éducation des enfants »
Il était une fois une petite fille qui vivait chez ses parents et partageait son temps entre l’école et ses amis.
Cette petite fille avait toujours été plutôt sage. Comprenez, on valorisait sans cesse son comportement qui montrait qu’elle était gentille. Elle était calme, elle ne bougeait pas trop. Elle savait rester en retrait avec les adultes. Elle savait qu’elle était aimée quand elle se comportait bien. Comme elle avait très peur de se retrouver seule, elle s’appliquait à se faire aimer. Et dès qu’elle faisait quelquechose qui ne plaisait pas à autrui, on lui faisait bien sentir qu’elle était méchante. Qu’elle n’était pas aimable. Que personne ne l’aimerait ainsi. Que c’était mal. Ca la troublait beaucoup, car elle avait peur. Cette petite fille avait entendu ces mots depuis toujours. Et surtout, elle les entendait à la maison mais aussi à l’école. A l’école, il fallait rester assis de longues heures, se retenir pour faire pipi, se retenir pour parler, ne pas rigoler, et toujours faire ce que le maitre disait. C’était un peu difficile au début. Puis avec le temps cette petite fille oublia ces besoins, les rangea dans une petite case de son corps enfermés à double tour. Cette petite fille n’avait jamais rien connu d’autre que cela, et trouvait ça parfaitement normal.
Quand de temps en temps elle refusait de faire quelquechose, quand elle disait non, on lui faisait sentir qu’elle était une mauvaise fille et qu’elle était indigne de son entourage. Cette petite fille était sans cesse en train de s’ajuster à ce que souhaitait son entourage. C’était d’ailleurs assez fatigant, parce que par exemple son papa et sa maman n’avaient pas exactement les mêmes exigences. Alors, si je fais bien pour papa, pourquoi est-ce que ça n’est pas bien pour maman? D’ailleurs, parfois elle aurait bien eu envie de se mettre en colère, quand c’en était trop. Mais on lui avait montré son visage, dit qu’elle était bien laide ainsi transformée. Elle avait eu peur : qu’est-ce donc que ce monstre qui transforme mon visage et me pousse à crier? Ca ne peut pas être moi. Elle l’avait donc tapi aussi tout au fond de sa tête, avec mout craintes qu’il ressorte, certes, mais comment faire autrement?
Cette petite fille grandit ainsi, entre ses parents qui l’aimaient et l’école qui lui apprenait des tas de choses. Un jour, elle eut fini l’école, trouva un métier qui lui semblait adapté à ses aspiration et un gentil mari. C’était un peu moins simple une fois adulte parce que les autres ne réagissaient pas toujours comme la maitresse ou maman. Parfois ils avaient des réactions incontrôlables. Surtout, elle se sentait souvent perdue, ne sachant pas quoi faire, n’ayant plus personne pour lui dire ce qu’elle avait à faire. Elle essayait d’être parfaite, mais ça n’était pas assez : il fallait aussi qu’elle sache être actrice de sa vie. Mais il y avait un problème : ça on ne lui avait jamais appris. Et surtout comme elle échouait, elle se sentait très coupable de ne même pas arriver à être ce qui lui semblait un état d’adulte. C’était décourageant car toutes ses tentatives pour être parfaite et gentille l’amenaient encore plus vers le désespoir.
Un jour la petite fille qui était devenue une femme sentit un petit coup de pied dans son ventre. Un petit bébé se manifestait. La petite fille était ravie. Elle allait pouvoir donner tout son amour à l’enfant qui allait naitre. L’enfant naquit, et ce fut beaucoup de bonheur. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le petit bébé grandit. Le petit bébé touchait à tout. Le petit bébé faisait beaucoup de choses qui dérangeaient sa maman.
Mais sa maman avait un problème : on lui avait toujours appris que dire non, c’était prendre le risque de perdre l’amour de la personne qui reçoit le "non". Elle était face à un gros dilemme : perdre l’amour de son petit garçon? Impossible. Laisser passer ce qui la dérangeait? Beaucoup plus habituel pour cette petite fille. Cette petite fille laissait donc son enfant faire des choses même si ça n’était pas agréable du tout pour elle et qu’elle devait réparer ensuite. Cette petite fille n’avait jamais appris à dire non, comment aurait elle pu le faire spontanément? Elle aurait pu sentir que son besoin de sécurité n’était pas satisfait lorsque son fils partait en courant sur la route. Elle aurait pu sentir que son besoin de respect pour son travail était en danger lorsque son fils démontait toute sa pile de linge. Mais rappelons nous : à l’école, cette petite fille avait cadenassé ses besoins à double tour pour ne plus qu’ils viennent l’enquiquiner. La clé avait été perdue. Plus d’accès à ses repères intérieurs pour savoir comment protéger ses besoins.
La petite fille essaya donc de faire ce qu’elle avait toujours fait : demander à une figure parentale ce qu’elle devrait faire dans cette situation. Ses parents étaient loin, mais il était facile dans les magazines et à la télé de trouver toute sorte de figure parentale qui vous disaient quoi faire. Elle se pliait aussi aux exigences du médecin qui savait de toute façon mieux qu’elle ce qu’il convenait de faire. C’était rassurant par un certain coté. D’un autre, elle avait de grandes difficultés. Son fils faisait de la résistance. Elle ne se sentait pas vraiment bien avec tout cela. Parfois, elle explosait sans raison. Elle se mettait dans des colères noires, et elle sentait en elle une violence incroyable. Elle en voulait énormément à son fils de la mettre dans des états pareils. A trop laisser ses besoins de coté, un jours ils finissaient pas déborder de la cage où ils étaient enfermés et à sortir avec violence.
Et la suite de l’histoire?
Il y a deux options, à vous de choisir:
1. elle rencontra une amie qui lui dit : Tu es trop laxiste. Il faut te resaisir. Ton fils n’est pas en sécurité sans limites.
La petite fille opina.
Son amie lui prescrit une liste de choses à interdire. La petite fille s’y essaya. Mais elle se sentait très coupable de ne pas être une mère acceptable. Elle arrivait peu ou prou à suivre les consignes, mais de plus en plus, elle fuyait la relation avec son fils. Ca n’était pas très confortable, cet enfant qui dit non, qui refuse, qui fait des crises. Elle se sentait souvent fatiguée. Elle vit de moins en moins cette amie, sans pour autant comprendre ce qu’il se passait.
2. elle rencontra une amie qui l’écouta en silence. Son amie ne lui dit rien sur sa façon de faire. Elle sentait bien que son amie faisait différemment, mais elle ne percevait pas exactement pourquoi. Plusieurs fois, elle explosa sur son fils en présence de son amie et lui mit une fessée. Son amie accueillit juste sa colère. Petit à petit, elles en vinrent à échanger sur des choses plus intimes. Sur leurs peurs, leurs émotions. Les années passèrent. Cette amitié grandissait, elle faisait du bien à la petite fille. Elle se sentait aimée quoi qu’il arrive par cette amie. Petit à petit, elle apprit à accepter ses émotions, ses colères. Elle apprit aussi en voyant son amie faire avec sa petite, à identifier ses besoins, à demander, à voir ce qui était acceptable et ce qui ne l’était pas. Son estime d’elle même grandissait de jour en jour à mesure qu’elle se reconnectait à ses ressentis. A tel point qu’un jour la peur de ne plus être aimée par son enfant si elle lui disait "non" disparut d’elle même, sans qu’elle sache bien comment. Cette amie possédait la clé secrète qui ouvre toutes les cages intérieures….
Et qui permit à la petite fille de retrouver le contact avec ses limites et ses besoins. Ce qui lui permit d’entrer en relation avec son fils de façon plus sereine et respectueuse pour lui comme pour elle. Les explosions de colère s’apaisèrent, et furent remplacées par un simple sentiment de colère qui n’engendrait pas de violente réaction, mais juste une affirmation de ses besoins. Elle apprit au passage que désaccord n’équivaut pas à désamour et que son fils l’aimait tout autant, même s’il n’était pas toujours d’accord.
Cette petite fille est toujours en chemin vers elle même….
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On entend souvent cette phrase dans la bouche de nombreuses personnes… J’avoue qu’elle me fait bondir. Comme si c’était aussi simple… comme si il y avait les parents d’avant, les bon (qui en général sont en train de parler), et ceux d’aujourd’hui, les mauvais.
Qui d’accuser les parents de laxisme lorsqu’il s’agit d’expliquer la violence des jeunes (en dépit du fait qu’on sait aujourd’hui qu’elle est liée à la violence éducative). Qui d’accabler les parents qui laisseraient tout "passer" lorsqu’un bambin se roule par terre dans un magasin. Quel parent n’a pas entendu "il y a des fessées qui se perdent" dans la rue, le square, alors que son enfant avait un comportement qui dérangeait certains. Je me suis longtemps sentie mal à l’aise face à cette injonction d’autorité. Nous n’avions pas seulement été des enfants "gâtés" comparé à nos parents, voici qu’enfin devenus adultes et parents, on nous accusait d’être responsables des maux de la société. Ne serions nous donc jamais des personnes respectables? Mais au fait, c’est quoi l’autorité?
L’autorité et l’obéissance comme seule voie d’éducation?
Lors des siècles passés, le respect de l’autorité et l’obéissance ont toujours été un objectif majeur. Le fonctionnement de la société était autoritaire, ce qui sa traduisait jusque dans la plupart des familles, des établissements d’enseignement et des lieux de travail. Ceux qui avaient le mieux appris à obéir s’en sortaient mieux socialement. Cette obéissance a toutefois eu des conséquences dramatiques lors de la seconde guerre mondiale (Miller, 1985). Habitués à obéir et élevés sous obéissance totale, les criminels de guerre ont amené à l’abattoir des milliers de personne. Les "justes" quant à eux, qui ont sauvé des vies, avaient reçu une éducation empreinte de bienveillance (voir les ouvrages d’Olivier Maurel). L’expérience de Milgram a par ailleurs montré qu’une bonne part des personnes, lorsqu’elles sont soumises à une autorité scientifiques, obéissent à l’injonction de faire mal à quelqu’un.
La psychanalyse, ayant évolué dès ses débuts dans ce type de société très autoritaire, a intégré cette croyance comme un fait acquis dès ses débuts : l’enfant était égoïste et sans limites, il fallait lui enlever ces penchants négatifs. L’autorité parentale sans limites était vue comme une façon de rendre les enfants acceptables pour vivre en société. Déresponsabilisé depuis son plus jeune âge, l’enfant était vu comme un être dominé par ses pulsions que l’adulte devait réprimer. Cette vision se comprend puisque n’ayant jamais la faculté d’exercer sa responsabilité et sa capacité à coopérer, il ne pouvait, pour défendre cette atteinte à son intégrité, que manifester son mécontentement par des comportements portant atteinte à l’autorité.
Dans les années 60, la société a été traversée par un vent démocratique et anti-autoritaire. Les femmes, qui étaient elles aussi soumises à l’autorité, se sont rebellées. L’image des enfants a également changé, et certains ont défendu une éducation démocratique et avec peu de contraintes. Cela a abouti dans les années 80 à la croyance qu’il fallait expliquer, parler à l’enfant, et que celui-ci comprendrait de lui-même et obéirait par la raison à ses parents. Croyance qui a donné lieu au vent de retour de l’autoritarisme actuel. Aujourd’hui on sait grâce aux études sur le cerveau que cette forme de libertarisme ne correspond ni aux besoins ni au développement de l’enfant.
Parallèlement, même si les châtiments corporels ont évolué, ils sont toujours bien présents (85% des enfants d’aujourd’hui en ont reçu). Les parents d’aujourd’hui cherchent souvent à faire autrement, ayant souffert ce ceux-ci dans leur enfance. Mais n’ayant aucun autre modèle, c’est compliqué, et souvent, ils y reviennent lorsqu’ils sont à bout. Ce n’est pas un manque d’autorité, c’est souvent une difficulté à poser ses limites sans utiliser les châtiments corporel ou des méthodes qui ne leur conviennent pas. Faute de modèle.
L’attachement comme base du développement de l’empathie pour autrui
De nos jours, les données scientifique, qu’elles soient issues de l’étude du comportement animal, humain ou encore de la neurobiologie, tendent à montrer que cette vision de l’enfant qui doit être réprimé dans son égoïsme est complètement erronée. L’enfant humain est programmé pour développer de grande facultés d’empathie dès la naissance, parce qu’il est extrêmement dépendant des adultes pour sa survie pendant longtemps. Des soins adaptés à ses besoins et à son développement affectif et un attachement sécure à sa personne de référence (mère, père, ou autre adulte) lui permet progressivement de développer une confiance en lui (Bowlby). C’est cette estime de lui même qui lui permet de devenir réellement autonome et de développer un intérêt pour les autre. La parentalité positive s’attache entre autre à développer le potentiel des enfants pour l’empathie et la coopération, au lieu de réprimer une animalité qui n’est que le fruit de l’éducation répressive qu’on reçu la majorité des enfants.
Quand j’étais petite, j’entendais sans cesse "fais ceci, fais cela". "Tu vas voir, si tu ne fais pas ce que je te dis, ce qui va t’arriver!". "mange ta soupe sinon tu n’auras pas de dessert!"."Je compte jusqu’à trois, tu obéis sinon tu auras une fessée", mais encore "tu te tais sinon tu auras 3h de colle"… Maintenant imaginons que nous soyions adultes et que nous entendions sans cesse ces phrases au travail. Quelle image de nous même pourrions nous développer? Quelle colère développerions nous à l’égard de celui qui est notre responsable ! Son message implicite en l’essence est : "je ne fais aucune confiance en ta capacité à m’aider, c’est pourquoi je suis obligé de te forcer à le faire en te menaçant". Bien, cher patron, si tu n’as aucune confiance en moi, eh bien je vais te prouver que tu as raison et je ne vais surtout pas t’aider ! Et surtout je n’agirai comme tu le veux que par peur de la sanction, jamais parce que j’ai envie de t’aider ! Enfant, j’ai surtout développé des tas de croyances sur moi, comme quoi je n’étais pas fiable, que j’étais indigne de confiance, que je ne savais pas prendre de responsabilités. Choses qui m’ont poursuivies bien longtemps et qui ne m’ont pas du tout aidée à avoir un comportement responsable, puisque quelqu’un s’était toujours chargé pour moi de prendre la responsabilité. Je n’avais qu’à obéir !
Les limites de qui?
Posons nous la question : nous souhaitons faire coopérer nos enfants, mais pour quelle raison souhaitons nous qu’ils le fassent? Par peur de la sanction? Ou bien parce qu’ils en voient le sens profond? Et si, au lieu de chercher à fixer les limites de nos enfants, nous réfléchissions sur les nôtres? Quand je cherche à faire coopérer mon enfant, je cherche avant tout à satisfaire un besoin qui m’appartient. Mes limites, c’est le contour des situations dans lesquelles mes besoins sont respectés. J’ai besoin d’indiquer aux autres quels comportements me permettent de me respecter et quels comportement sont insupportables pour moi. Elles me sont personnelles. Poser "des limites" à ses enfants n’a aucun sens car les limites ne sont pas celle de l’enfant mais celles de la personne qu’il a en face de lui. En me fixant plus sur ce dont j’ai besoin, et non sur des solutions toutes faites, on arrive souvent à des solutions créatives que nos enfants peuvent nous aider à trouver, participant au respect des besoins de tous.
On sait aujourd’hui que l’enfant apprend beaucoup par imitation et par expérimentation. Aussi, c’est dans la relation parent-enfant qu’il puisera un exemple pour toutes ses relations futures. Dans une société qui base de moins en moins son fonctionnement sur l’obéissance et la règle et de plus en plus sur la responsabilité personnelle et le souci d’autrui, les enfants ont besoin de développer leur intelligence émotionnelle leur permettant à la fois de respecter leurs propres besoins, tout en étant à l’écoute de ceux des autres. C’est cette confiance en leur capacité progressive à être responsable et coopérant qui leur permettra d’acquérir la confiance en soi nécessaire à la vie en société.
Comment faire en pratique?
Souvent, les croyances sur les enfant débute dès leur plus jeune âge. En effet, la société porte à croire que les bambins et bébés devraient être capable d’agir comme des adultes. Qu’ils devraient être capables de rester sages, sans bouger pendant des heures, qu’ils devraient contenir leurs émotions. Nous savons aujourd’hui qu’ils n’en ont pas la capacité, parce que leur cerveau n’est pas encore mature pour cela et parce qu’ils ont besoin pour grandir de bouger, d’expérimenter, d’exprimer leurs émotions. L’image que nous en avons vient souvent d’enfants qui se tiennent à carreau, soumis par la peur. Le problème est que le regard que que porte un parent sur son enfant influence grandement le comportement de celui-ci. Si un parent a des attentes démesurées, l’enfant ne peut y répondre. Le parent porte alors souvent un regard négatif sur l’enfant (il est turbulent, il est capricieux…), étiquette que l’enfant intègrera alors comme sa personnalité et à laquelle il obéira.
Avant 4 ans, un enfant est peu capable d’imaginer ce que la personne en face de lui ressent. Cet âge correspond avant tout au développement du "je", de la compréhension qu’il est une personne unique. Il a besoin d’apprendre progressivement à connaitre ses émotions, à les nommer et à les utiliser pour protéger son intégrité.
C’est sur cette base que ses neurones-miroirs feront le reste par la suite : ce qu’il connait de lui, il peut le reconnaitre chez d’autres et éprouver de l’empathie. Il peut donc aider les autres à satisfaire leurs besoins et coopérer afin que tout le monde se sente bien. Il a besoin, surtout petit, que ses parents lui expliquent leurs besoins afin de donner du sens à leurs demandes. Il a besoin aussi de grandir sans jugement sur sa personnalité, afin de protéger son estime de lui même, qui est si importante pour pouvoir éprouver de l’empathie pour autrui.
Je peux aussi toujours me rappeler que lorsque mon enfant ne coopère pas, il ne le fait jamais contre moi mais pour lui. Il dit oui à un besoin important pour lui, que je n’ai pas identifié. Regarder le problème ensemble et voir comment on peut le résoudre ensemble en tenant compte des besoins de tout le monde ouvre des perspectives souvent insoupçonnées.
Alors, manque d’autorité des parents d’aujourd’hui? Ou plutôt une volonté très louable de respecter leur enfant et un besoin d’outils pour y parvenir tout en se respectant soi ?
La bonne nouvelle c’est que de nos jours ces outils existent et sont disponible, et de nombreux parents les ont déjà expérimentés. On peut les trouver sous forme de livre, de magazines, de forums ou sous forme d’ateliers de parents. Ici par exemple : https://sites.google.com/site/petitsmotspourgrandir
Il y en a probablement dans votre entourage. Ou vous les voyez parfois, dans des restaurants ou des lieux publics, courir au milieu des tables, faire l'hélicoptère en poussant des cris ou interrompre sans cesse les conversations de leurs parents visiblement épuisés mais fascinés par tant d'énergie. Eux, ce sont des enfants «agités», «turbulents» ou «difficiles». Depuis quelques années, et suivant le tableau clinique DSM IV de la psychiatrie américaine, certains d'entre eux sont qualifiés d'hyperactifs ou même «d'hyperkinétiques». Ces enfants THADA (c'est-à-dire atteints de Trouble de l'Hyperactivité Avec Déficit de l'Attention) seraient actuellement entre 3% et 11% de la population enfantine.
Mais où finit l'extrême besoin de dépense physique, le côté «éveillé et épanoui» qu'adorent les parents d'aujourd'hui et où commence le trouble chez ces petits garçons (l'hyperactivité est très rare chez les petites filles)? C'est toute la question qui se pose aux psychiatres et psychanalystes qui reçoivent ces trublions. «Comment évaluer ces comportements quand on observe que jamais l'enfant lui-même ne s'en plaint, ou ne fait de demande de traitement, mais seulement l'école -et cela est variable selon les enseignants- ou les parents?», s'interroge Marika Bergès-Bounes. Psychologue-psychanalyste à l'hôpital Saint-Anne de Paris, elle vient de diriger un impressionnant ouvrage collectif sur le thème de L'enfant insupportable (Ed ERES).
«Ce sont des patients qui arrivent déjà diagnostiqués chez nous! Et insensiblement, avec les années, concernant ce dont ils sont atteints, nous sommes passés d'une simple agitation motrice à “une maladie”, et aujourd'hui à un “trouble du comportement”! Pour nous, il y a nécessité surtout de comprendre ce qui est d'abord un symptôme», martèle-t-elle. Un avis partagé par Mazy Varraud, orthophoniste dans un centre médico-psycho-pédagogique à Évreux. «II n'y a pas d'enfants insupportables, il n'y a que des enfants insupportés. Et surtout, poursuit-elle, des enfants en réaction. La preuve, ils sont le plus souvent calmes avec nous. Mais il suffit qu'un de leurs parents leur dise “dis au revoir à la dame” pour qu'ils se mettent à s'agiter, courir partout ou même se jeter sous les tables.»
Lui vient alors à l'esprit l'histoire de Kyran, 10 ans. À la moindre remarque d'un enseignant, il se mettait à ruer dans les brancards. «Notre équipe pluridisciplinaire s'est penchée sur son histoire et a vu que Kyran avait été placé en foyer parce que ses parents l'avaient maltraité psychologiquement. Mais il souhaitait toujours les revoir, tout en étant en colère contre eux. C'est cette colère de fond qui refaisait surface à la moindre occasion.»
L'hypertonicité motrice est donc à regarder comme un signal. «Elle veut toujours dire quelque chose dans l'économie d'une famille ou d'une classe», observe Marika Bergès-Bounes. Un problème de place, notamment. Un petit frère est né il y a peu, ou la tension monte entre les parents… D'ailleurs ces agités ont cette manie de sans cesse faire parler d'eux, de ramener l'attention des parents à leur existence, comme une façon de dire «Ne m'oubliez pas! Je suis là». Ces enfants n'ont pas encore trouvé une place d'où ils peuvent parler. Alors, à défaut de pouvoir mettre en mots, ils remuent. «Chez certains, il y a aussi la volonté inconsciente de prouver qu'ils sont vivants, poursuit la psychanalyste: une mère dépressive, ou un frère mort avant eux… Ils n'ont de cesse de lutter contre cette angoisse de mort en occupant le terrain.»
Certains parents, désireux que ces symptômes cessent vite, vont dans les services qui prescrivent de la Ritaline, le fameux psychotrope qui «rend les enfants sages». Les psychanalystes y sont pour la plupart opposés et travaillent donc dans un tout autre esprit que leurs collègues psychiatres. «Si l'agitation motrice était une pathologie, cela se saurait, affirme Marika Bourgès-Bounes. Le grand neuro-psychiatre Henri Wallon lui-même ne la considérait pas comme une maladie dans la mesure où elle s'arrête avec l'adolescence.»
Aujourd'hui, cette psychanalyste et son équipe de Saint-Anne déplorent que des enfants en échec scolaire ou déprimés soient rapidement catalogués «enfants THADA». «Le terme est devenu un vaste fourre-tout à l'intérieur duquel on ignore si l'agitation motrice vient avant la perte de concentration ou après.» Elle observe aussi que de nombreux parents arrivent en consultation avec le souci paradoxal que leur enfant soit bien «hyperactif» ou «surdoué». «Dans les deux cas, ces enfants sont dans le “Plus”», note la psychanalyste. Une démesure qui selon elle serait un produit inattendu de notre société d'hyperconsommation toute occupée à «gaver les enfants» sur tous les plans
Reconnaitre: sa part de responsabilité: Oups! j'ai fais une erreur
Réconcilier: Je suis désolé(e) d'avoir...
Résoudre: J'aimerais que l'on trouve une solution ensemble
Rancoeur: C'est pas juste. Je ne peux pas faire confiance aux adultes
Revanche: Bon, là, c'est eux qui gagnent, mais je les aurai la prochaine fois
Rebellion: Je vais exactement l'inverse pour leur prouver qu'ils ne peuvent pas m'obliger à faire ce qu'ils veulent
Retrait: La prochaine fois, je ne me ferai pas prendre. Baisse de l'estime personnelle: Je ne vaux rien
D'ou nous vient cette folle idée que pour qu'un enfant se conduise mieux, il faut d'abord qu'il se sente dévalorisé ?
Rivalités, jalousie et justice entre frères et soeurs de Jesper Juul
Violence éducative et communicationGifle ou fesser un enfant, c’est, d’une certaine manière, communiquer avec lui. Mais que communique-t-on à un enfant en le frappant? Les connaissances actuelles sur le développement du cerveau ne nous laissent plus de doute aujourd’hui : la violence éducative, si faible soit-elle, est destructrice. Les institutions internationales ont compris que sa réduction serait un facteur de paix. Reste à en convaincre l’opinion publique et les Etats.
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